La mystique de l’ADN Dorothy NELKIN et Susan LINDEE, 1998, Belin, Coll. Débats

, par  Pierre Stouf , popularité : 6%

« A la fois concept scientifique et puissant objet symbolique sur le plan social, on attribue au gène de nombreuses facultés. Dans ce livre, nous allons les envisager tour à tour, en montrant que la façon dont on se représente les gènes et dont on en parle, reflète et propage une vision du monde que nous appellerons « l’essentialisme génétique ». Celui-ci réduit la personne à une entité moléculaire, ramenant l’être humain (avec toute sa complexité morale, historique et sociale) à ses gènes. »

La mystique de l’ADN, Dorothy NELKIN et Susan LINDEE, 1998, Belin, Coll. Débats

Une étude sociologique (« ce n’est pas une analyse statistique, c’est une analyse du folklore », p13) du concept du gène dans les années 90 en Amérique (édition américaine : The DNA mystique : the gene as a cultural icon, 1994, W.H. Freeman and Company ed.).

« La question intéressante n’est pas de pointer le contraste entre les connaissances scientifiques et leur présentation au grand public, mais d’étudier la façon dont ces deux discours se recoupent pour donner à la notion de gène, une signification culturelle particulière. »
« En fait, la plupart des idées sur les gènes et l’ADN figurant dans la culture populaire sont issues du discours des scientifiques, nourris par leurs promesses et les types d’arguments qu’ils mettent en avant pour valoriser leur image publique. »

« Manifestement les gènes, dans la culture de masse, ne sont pas des entités biologiques... »

« En mettant l’accent sur une base biologique qui serait capable, selon lui, d’expliquer les différences entre groupes humains, l’essentialisme génétique est susceptible de faire du tort aux minorités ethniques et aux groupes marginaux ; en se concentrant sur les raisons individuelles qui seraient à l’origine de certaines pathologies, il absout la société de sa responsabilité dans l’existence de problèmes sociaux, et en mettant en avant la notion de contrôle de reproduction, il ouvre la porte à des pratiques sociales ou politiques oppressives... »

« Chargé de toutes sortes de significations culturelles, le gène est devenu une notion de référence courante, que l’on invoque trop facilement, que l’on critique trop rarement et dont on se sert trop souvent de façon néfaste pour atteindre des objectifs étriqués ou socialement destructeurs. »

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