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Photo Copyright Laure POULIQUEN - cliché réalisé en septembre 2003 (Docteur Jacques BENVENISTE en compagnie du Docteur Albert-Claude QUEMOUN, lors d’une conférence privée sur la MÉMOIRE DE L’EAU qui s’est déroulée à l’ancien Laboratoire IHS (Institut Homéopathique Scientifique) du Docteur Quemoun, actuellement Expert à l’OMS et Chercheur des Laboratoires Lehning)
Pour Eric Favereau de Libération :
« Jacques Benveniste restera l’homme d’une polémique dans laquelle il aura tout gagné et tout perdu. Jacques Benveniste n’avait pas toujours été un chercheur à part. Jusqu’à sa découverte contestée, il avait été l’un des scientifiques français les plus publiés en immunologie, sa spécialité de départ, et les plus appréciés. En 1971, sa découverte d’un facteur activateur des plaquettes sanguines l’avait même placé dans tous les manuels de médecine ainsi que sur la liste des nobélisables. »
Pour le grand public, le nom du chercheur reste attaché à ses expériences débutées dès 1984, alors qu’il était sous contrat avec Boiron sur ce qui a été appelé la mémoire de l’eau (expression inventée par les journalistes et non par lui-même) :
le 30 juin 1988, le journal Le Monde titre en effet :
« Une découverte française pourrait bouleverser les fondements de la physique : la mémoire de l’eau »,
en faisant écho à la publication de Benveniste dans la revue scientifique Nature la même année.
Le chercheur et son équipe de treize collaborateurs affirment être parvenus à activer la dégranulation de basophiles avec des hautes dilutions d’anticorps IgE.
La réponse biologique observée est interprétée par Benveniste et son équipe comme la transmission d’une information malgré l’absence de molécule active, sorte d’empreinte dans le chaos des molécules ; ce résultat pouvait être vu, entre autres, comme une validant partiellement le modèle de l’homéopathie.
Cette publication déclenche une agitation médiatique immédiate, et de fortes réactions de la communauté scientifique internationale. Un mois plus tard, le directeur de la revue Nature entreprend une expertise dans les locaux même du laboratoire de Benveniste, avec une équipe comprenant des scientifiques parmi lesquels le magicien Randi (pour dépister une éventuelle imposture scientifique).
Cette équipe ne trouve aucune trace de fraude dans les processus d’expérimentation mais il s’avère impossible de reproduire de manière fiable le phénomène initialement décrit.
D’autres équipes scientifiques tentent à travers le monde de reproduire ses expériences mais personne n’y parvient de manière répétée, en dehors des personnes ayant participé à l’article princeps, ce qui laisse supposer que la réaction étudiée, la dégranulation des basophiles, n’est pas elle-même une réaction suffisamment standardisée pour servir de base solide à une remise en cause de la quasi-totalité des fondements de la physique et de la chimie[réf. nécessaire].
En 2001, l’équipe de Madeleine Ennis publie un article dans lequel elle affirme avoir reproduit l’expérience de Benveniste avec succès et encourage à poursuivre les recherches sur le sujet. Cependant, l’expérience n’a plus été reproduite avec succès depuis lors.
Jacques Benveniste se voit alors dans la situation où s’était trouvé un autre chercheur reconnu bien des années auparavant : René Blondlot avec ses Rayons N. Coïncidence étrange, la revue qui avait discrédité Blondlot se nommait également Nature.
Malgré la qualité de ses découvertes antérieures, Jacques Benveniste, qui refuse de chercher à confirmer sa théorie en utilisant un autre étalon que cette réaction de dégranulation des basophiles, finit par être discrédité au plan scientifique. Il se verra décerner le Prix Ig Nobel en 1991, et obtiendra un second prix IG Nobel en 1998 pour avoir affirmé que l’action thérapeutique d’une molécule pourrait être transmise par téléphone.
Il doit quitter l’INSERM en 1995, à 60 ans, mais n’abandonne jamais son métier de chercheur, continuant ses recherches dans le cadre de la société Digibio qu’il crée en 1997, afin de financer et de poursuivre ses travaux. Le financement de cette société repose sur des dons de personnes physiques et, surtout, sur des subventions de l’industrie pharmaceutique homéopathique, évidemment très intéressée par une découverte qui aurait permis de donner une réalité scientifique incontestable à cette méthode thérapeutique.
En 2001, l’équipe de Madeleine Ennis (dont un ex-membre de l’équipe de Benveniste), qui se présente comme étant au départ une sceptique déclare :
« it has been shown that high dilutions of histamine may indeed exert an effect on basophil activity... We are however unable to explain our findings and are reporting them to encourage others to investigate this phenomenon. » Traduction : Nous avons démontré que les hautes dilutions d’histamine peuvent exercer un effet sur l’activité des basophiles. Nous sommes toutefois incapables d’expliquer nos découvertes et nous les publions pour encourager d’autres équipes à enquêter sur ce phénomène".
Jacques Benveniste déclare que cette équipe est parvenue là où il était arrivé 12 ans auparavant. Les travaux de l’équipe Madeleine Ennis seront publiés dans la revue scientifique « Inflammation Research » quelques mois plus tard. Ces travaux n’ont pu soulever les principales critiques faites à ceux de Benveniste : la quasi-totalité des tentatives de réplication des résultats ont abouti sur un échec, à l’exception de quelques expériences menées par des équipes proches de Benveniste.
Jacques Benveniste, dont le laboratoire n’est plus financé par l’Inserm, et qui passe une grande partie de son énergie à rechercher des fonds, décède à l’âge de 69 ans lors d’une opération du cœur, le dimanche 3 octobre 2004.
Un livre posthume, paru en 2005, éclaire sa vision de ses travaux, notamment leurs aspects méconnus la « Biologie numérique », et expose certains travers du milieu de la recherche selon lui. Le laboratoire créé par Jacques Benveniste a poursuivi ses travaux après sa mort.
Deux ans plus tard, le 27 octobre 2007, lors de la conférence de Lugano, en Suisse, le Professeur Luc Montagnier, Prix Nobel de médecine, découvreur du Virus HIV, a publiquement déclaré avoir constaté lors de ses travaux sur le VIH des phénomènes décrit par Jacques Benveniste.
En effet, lorsque du sang infecté était filtré de telle façon que pas la moindre bactérie ou virus ne puisse encore subsister dans la solution, certaines structures vivantes réapparaissaient d’elles-mêmes après quelques semaines. Il aurait découvert aussi que ces bactéries et virus émettent des signaux électromagnétiques dans le milieu... alors qu’ils en ont été extraits ![style à vérifier]
Ces observations amenant le Professeur Luc Montagnier à conclure que « l’information génétique peut-être transmise de l’ADN à quelque chose qui est dans l’eau » et de terminer son discours par
« Je crois que Jacques Benveniste avait beaucoup d’idées très audacieuses. Moi, je suis un peu son tracé ».
Le Professeur Luc Montagnier écrira en Février 2008 dans son livre « Les combats de la vie » qu’il édite chez Lattes : "La biologie moléculaire [...] a atteint des limites et elle n’explique pas tout.
Certains phénomènes, comme l’homéopathie, restent mystérieux. Je fais allusion à certaines idées de Jacques Benveniste (le scientifique qui a inventé la « mémoire de l’eau ») car j’ai récemment rencontré des phénomènes que seules ses théories semblent pouvoir expliquer. Je pars d’observations, pas de croyances. Certaines choses nous échappent encore, mais je suis convaincu qu’on saura les expliquer de la manière la plus rigoureuse. Encore faut-il pouvoir mener des recherches à ce sujet ! Si l’on commence par nier l’existence de ces phénomènes, il ne se passera rien."
Mais cette conférence ainsi que les déclarations et l’hommage posthume du prix Nobel à Jacques Benveniste n’ont pratiquement pas été relayés par la presse qui ne s’est pas privée de discréditer les travaux de Jacques Benveniste de son vivant. L’avenir dira si la polémique autour des recherches du savant étaient fondées ou bien au contraire s’il n’aura pas été le Galilée du XXe siècle.
Citation :
* « J’ai une maîtresse très exigeante et je suis hanté par elle. Mon être entier est complètement rempli de son image, son profil, son visage séduisant et pourtant évasif, le sourire intermittent de cette femme qui s’appelle : La Science. Je ne peux m’empêcher de faire ce que je fais. »
Œuvres
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* « Human basophil degranulation triggered by very dilute antiserum against IgE », E. Davenas, F. Beauvais, J. Amara, M. Oberbaum, B. Robinzon, A. Miadonnai, A. Tedeschi, B. Pomeranz, P. Fortner, P. Belon, J. Sainte-Laudy, B. Poitevin, J. Benveniste, Nature 333, 816-818 (30/06/1988)
* « Techniques de diagnostic en allergologie », Corinne Théobald-Segalen, Jacques Benveniste, Masson (1985)
* « Ma vérité sur la mémoire de l’eau », Jacques Benveniste, Albin Michel (2005)
Bibliographie
* « Un cas de censure dans la Science : l’affaire de la mémoire de l’eau » Michel Schiff, Albin Michel (1994)
* « Savants maudits, Chercheurs exclus », tome 2, Pierre Lance, Guy Trédaniel (2005)
* L’Âme des Molécules – Une histoire de la « mémoire de l’eau », Francis Beauvais, Collection Mille Mondes (Lulu Press), 630 pages, ISBN : 978-1-4116-6875-1, parution Janvier 2007, téléchargeable sur http://www.mille-mondes.fr
* Ses amis lui rendent hommage dans l’édition de décembre 2004 du magazine Science Frontières.
* revue Science et pseudo-sciences, Association Française pour l’information Scientifique, n° 206, Novembre, Décembre 1993 ; n° 194, Novembre, Décembre 1991 ; n° 183, Janvier, Février 1990 ; n° 180, Juillet, Août 1989
* Médecine : Le grand tournant vers la médecine quantique de Simone Brousse, Ed. Dauphin, parution avril 2004, 322 pages
- Copyright Laure POULIQUEN - cliché réalisé en septembre 2003
* Photo Copyright Laure POULIQUEN - cliché réalisé en septembre 2003 (Docteur Jacques BENVENISTE en compagnie du Docteur Albert-Claude QUEMOUN, lors d’une conférence privée sur la MÉMOIRE DE L’EAU qui s’est déroulée à l’ancien Laboratoire IHS (Institut Homéopathique Scientifique) du Docteur Quemoun, Chercheur et Docteur en Pharmacie, Président de l’IHS - Institut Homéopathique Scientifique)