Reste qu’il n’y a "pas de gène de la dépression, ni de toute autre
maladie psychiatrique, d’ailleurs« , souligne Bruno Giros. »Les gènes ne
transmettent pas la dépression", confirme Philippe Fossati, chercheur au
laboratoire « Vulnérabilité, adaptation et psychopathologie » (CNRS). "Ils
transmettent des facteurs de vulnérabilité à la dépression".
La région du cerveau appelée cortex préfrontal dorso-médian permet de
dresser une « carte d’identité émotionnelle » de chaque individu, explique
Philippe Fossati. Or, chez les dépressifs, l’activité de cette zone
cérébrale est particulière. "Tout se passe comme si les dépressifs
s’étaient spécialisés dans le traitement des émotions négatives",
commente le scientifique.
L’IRM (imagerie par résonance magnétique) permet ainsi de différencier les sujets dépressifs des sujets normaux, selon Philippe Fossati. Son équipe vérifie actuellement « ce qui va se passer dans le cerveau des dépressifs » après un traitement médical : vont-ils garder leur spécificité cérébrale ? Si c’était le cas, « on pourrait donc prédire les risques de rechute ou de vulnérabilité à la dépression chez certains individus », avance le spécialiste.
Toutefois, chercher une prédisposition dans les gènes ou le cerveau ne
doit pas faire oublier le rôle joué par l’environnement dans
l’apparition de la dépression.
Comme le rappelle Bruno Giros, « le passage vers la maladie peut être également favorisé, ou au contraire protégé, par une naissance à risque (prématurité importante, complications obstétriques...), un virus ou encore les relations psychologiques avec autrui ». Et, quelle qu’en soit la cause, la
dépression n’est pas une fatalité.