Auteur : Ghislaine Bloch
Une « protéine intelligente » à l’œuvre
Le Zevalin est le premier agent de radioimmunothérapie qui a été homologué pour le traitement des lymphomes non hodgkiniens indolents (LNH). Il s’agit plus précisément d’un anticorps monoclonal, l’ibritumomab, auquel une source de rayons (l’yttrium-90) est liée.
L’anticorps monoclonal, « une protéine intelligente », porte une source d’irradiation et l’amène de façon ciblée jusqu’aux cellules tumorales. 90% de l’énergie du rayonnement sont absorbés dans un rayon de cinq millimètres. Le tissu sain est ainsi
largement épargné.
« Le Zevalin s’est montré efficace chez près de 80% des patients qui ne
montraient plus de réponse après une chimiothérapie usuelle », souligne
Juerg Sigerist, chargé de la communication chez Schering.
« Le traitement est très intéressant », note Angelika Bischof Delaloye, chef de service de médecine nucléaire au CHUV. « Pour les patients traités au Zevalin, on enregistre déjà plus de cinq ans de survie sans rechute. Il existe un médicament similaire, enregistré aux Etats-Unis : le Bexar. Le Zevalin a
toutefois l’avantage de permettre un traitement ambulatoire. »
Le LNH qui peut être traité au Zevalin est une affection maligne du
système immunitaire (cancer des ganglions lymphatiques). « Aucun des
traitements appliqués jusqu’ici n’est en mesure de guérir les LNH
indolents », souligne Juerg Sigerist.
En Europe, près de 230 000 personnes sont atteintes de cette maladie. A cela s’ajoutent chaque année plus de 70000 nouveaux cas, dont la moitié sont considérés comme indolents.
Sachant que le coût d’un traitement se chiffre à 30 000 francs, le Zevalin pourrait devenir un blockbuster pour la société pharmaceutique Schering, qui détient les droits de distribution sur le marché européen.
Aux États-Unis, les droits sont détenus par Biogen Idec. « Le potentiel de ce
traitement dépendra notamment de son éventuelle prise en charge par les
caisses maladie et de son application à d’éventuels autres types de
cancers. »