La grippe A(H1N1) relance le débat sur la vaccination
Même chose avec le corps médical : « Vous ne vous rendez pas compte, il n’est pas vacciné ! », lance-t-on à Géraldine lorsque son fils doit être hospitalisé. Plus informées qu’avant - en attestent les consultations des sites Web sur la santé - ces familles sont souvent tournées vers les médecines naturelles.
« Pour mes deux premiers enfants, je ne me suis pas posé de questions. A trois mois, on les pique, c’est assez routinier. Au troisième enfant, je me suis rebiffée », raconte Monique Petrucciani, mère de quatre enfants de 27 à 23 ans. « Informons-nous soigneusement avant d’accepter un vaccin et souvenons-nous que toute information officielle, OMS y compris, vient de l’industrie pharmaceutique », alerte Françoise Berthoud, pédiatre homéopathe. Elle a créé un groupe de réflexion sur les vaccinations.
D’autres familles sont plus radicales. Jacques Bessin a toujours refusé de faire vacciner sa fille Ophélie, aujourd’hui âgée de 9 ans, hospitalisée à onze mois pour « anorexie ». M. Bessin a été accusé de « refus de vaccination ». La justice a finalement décidé d’un non-lieu. Il a été soutenu par Jean-Marie Mora, président de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations, qui affirme recevoir de plus en plus de demandes de renseignements. D’autres associations existent, comme l’Association liberté information santé (Alis). Des messages alarmistes circulent sur Internet. Des groupes tel « phobie de vaccins » se sont constitués sur Facebook.
L’épisode de l’hépatite B, pour lequel la campagne vaccinale était selon certains excessive, a renforcé la méfiance à l’égard du vaccin. Les questions sont d’autant plus vives que « s’agissant des vaccins, c’est un peu comme dans toute religion, il y a des intégristes, avec un aspect très passionnel, peu rationnel, des deux côtés, les anti et les pro », observe le docteur Dominique Le Houézec, pédiatre à Caen et conseiller médical de l’association Revahb (Réseau des victimes du vaccin hépatite B). « Je ne suis pas antivaccins, j’en fais dix par jour. Mais je suis contre le fait de vacciner tous les nourrissons contre l’hépatite B », ajoute-t-il. Même écho pour le docteur Lecourtier : « J’ai des réserves. Cela dépend des familles, du mode de garde des enfants. Je préfère séparer et espacer les injections chez les bébés car on ne sait pas quel est l’effet de l’exposition à l’hydroxyde d’aluminium (un adjuvant) à long terme. » « Les enjeux affectifs et économiques sont considérables », explique Jean-Pierre Lellouche, pédiatre retraité dans le Calvados.
Dans leur livre La Vérité sur la grippe A(H1N1), (éd. Delville santé, 144 p., 15 euros), les docteurs Bruno Lina et Jérôme Salomon notent que « l’historique pasteurien fait que le pays est très en faveur des vaccins et promoteur, producteur de vaccins. Pourquoi vacciner des enfants qui pourraient faire leur immunité naturellement ? Cette question alimente régulièrement le débat ».
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